Exposition du 10 mai au 22 juin 2025
Vernissage le vendredi 16 mai 2025 – 18h30, église saint étienne – Beaugency (45)
Intitulée d’après l’instrument servant à étourdir les animaux avant l’abattage, “Downtown Matador” est une recherche plastique réalisée par Alban Lécuyer à l’occasion des travaux de reconversion de l’ancien abattoir de Beaugency, situé près de l’actuel lotissement du Clos de la Chapelle.
En investiguant l’espace-temps éphémère du chantier, où s’entremêlent les vocabulaires de l’animal et de l’architecture – la découpe, le squelette, la carcasse, le quartier, la saignée, les artères –, Alban Lécuyer narre une histoire de l’intérieur des corps et des lieux, de leur disparition et de leur transformation, de leur nostalgie ou de leur rejet, à travers un récit où la réalité et les mythes se confondent dans une évocation tacite de la souffrance animale et de la symbolique religieuse, de l’étalement urbain et des mutations du tissu industriel.
L’abattoir de Beaugency a été érigé en 1864 avec les pierres d’une chapelle catholique du XVe siècle, opportunément détruite dans le contexte du courant hygiéniste et de l’avènement de la ville moderne. Victime de sa vétusté, l’abattoir a été fermé en 1986 après plus d’un siècle d’activité. Alors qu’affleurent encore les restes d’un cimetière abandonné avant la Révolution, le bâtiment est aujourd’hui transformé en brasserie, perpétuant son cycle entre la vie et la mort, le séculaire et le spirituel, en accueillant une industrie basée sur la levure, considérée à la fois comme l’un des plus anciens symboles du vivant et comme une métaphore biblique de la propagation du péché.
Ainsi se sont mêlés entre ces murs le sang des bêtes et l’évocation de la chair du Christ, l’abattage des animaux et les sacrifices bibliques, les restes des défunts et les carcasses du bétail, les corps mutilés des bouchers et les stigmates de Jésus, l’eucharistie et l’équarrissage, dans un lieu modelé par la violence et le sacré, le visible et l’invisible.
Paradoxalement, beaucoup des riverain⸱e⸱s interrogé.e.s par Alban Lécuyer ignoraient l’existence même de l’ancien abattoir, quand d’autres confondaient le bâtiment avec un édifice religieux. Absents des cartes et des panneaux routiers, les sites d’abattage restent cantonnés dans un angle mort de la conscience collective. Un effacement volontaire qui provoque un impensé de la détérioration des corps vulnérables, de leurs conditions de travail et de mise à mort.
Dans cette exposition construite autour de l’animalité des humains et l’humanité des animaux, Alban Lécuyer aborde la contamination des espèces et des espaces, le découpage et le morcellement des organismes, des ombres ou des documents d’archives à travers le lien étroit que nous entretenons avec la matière animale sous toutes ses formes.
mercredi :
10h – 12h et 15h – 18h
jeudi et vendredi :
15h – 18h
samedi:
10h – 12h et 15h – 18h
dimanche :
15h – 18h